FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, au fond des urnes, la retraite

 

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Il y a la rue. Il y a le pouvoir. Et il y a les urnes. N’ayez crainte : j’ai bien entendu les arguments habituels en France contre le référendum, surtout lorsqu’ils viennent de Suisse. Ils sont légitimes, à la fois résultat de l’histoire et des limitations posées par la Constitution.

 

N’empêche : comment nier le fait que cette République centralisée et présidentialisée à outrance se porterait peut-être mieux avec un peu de démocratie directe ? Et si on se faisait, en chanson, un petit référendum ? Vous avez noté : j’ai écrit « un peu » et « un petit », pour n’effrayer personne.

 

Est-ce dans ce sens que le Conseil constitutionnel va statuer, ce mercredi 3 mai, sur la seconde proposition de Référendum d’initiative partagée (RIP) déposée par la gauche ? Tout indique que non. A priori, les neufs « sages » rejetteront à nouveau ce texte qui vise, comme la précédente demande, à « interdire un âge légal de départ à la retraite supérieur à 62 ans », tout en créant un élément de réforme : « Une recette fiscale liée aux ressources du capital pour sécuriser le financement de la retraite par répartition ». À moins d’une surprise que personne ne voit venir, l’adieu aux urnes sera donc définitif.

 

Au moins 4,8 millions de signatures

 

Imaginons néanmoins le contraire : une France qui, après l’acceptation de cette proposition de référendum sur les retraites, devrait, conformément à l’article 11 de la Constitution, se préparer à une grande campagne de collecte des signatures pour aboutir à l’examen d’un nouveau projet de loi. Au moins 4,8 millions de paraphes nécessaires. Trop ? Peut-être. Mais quelle belle occasion de ramener le débat politique dans la rue, au lieu de tout miser sur la colère sociale ?

 

Imaginons même un donnant-donnant : un engagement conjoint des forces politiques à ne pas entraver ce débat par des manifestations, pour que les Français et Françaises intéressés puissent signer (ou refuser de signer) en connaissance de cause ?

 

Républick aime bousculer la France, ce pays où le politique est roi, et où les mots l’emportent souvent sur les actes. Bon, d’accord : notre refrain helvétique est prêt à être remballé. Mais pourquoi, tout de même, ne pas comprendre que de nombreux Français et Françaises aimeraient pouvoir s’exprimer autrement que dans les manifestations ? Qui, pour relayer cet appel aux urnes ?

 

Bonne lecture. Et si, du passé, après ce 1er Mai, on faisait table rase ?
(Pour débattre : [email protected])